Francophones ou non, les pataphysicien-nes du monde entier auront toujours une bonne pensée pour Alfred Jarry, cet écrivain français décédé trop tôt, à trente-quatre ans, connu surtout pour sa série des Ubu - notamment Ubu roi et Ubu enchainé - et dont les médecins légistes ouvrirent le crâne pour en découvrir les stigmates. Inutilement d’ailleurs.
Alfred Jarry scandalisa son époque, puis fut vénéré par les avant-gardes historiques, dadaïstes et surréalistes, pour être enfin remis sur le marché des valeurs symboliques grâce aux initiatives de certains membres du Collège de ‘Pataphysique français qui consacreront maintes monographies sur l’auteur et feront connaître ses inédits. Sans le Collège, l’écrivain certainement le plus avant-gardiste et visionnaire, plus que les avant-gardistes historiques, n’aurait pas fait de bond quantique jusqu’à nous.
La grande contribution de cet auteur breton, surnommé <<l’homme des bois>> par ses amis parisiens, Valérie, Appollinaire, Mallarmé, etc., restera certes d’avoir créé un archétype mondial et intemporel, celui du <
Ce que l’on sait moins, c’est que dans ses romans (notamment Gestes et opinion du docteur Faustroll, pataphysicien; Les jours et les nuits; Le Surmâle; Messaline), Jarry a anticipé les préoccupations post-modernes, sa pataphysique l’ayant ouvert à la multiplicité et à la virtualité. Deleuzien avant l’heure, Jarry a écrit des oeuvres réseautées via des connexions symboliques, référentielles, formelles, idéelles, textuelles, visuelles. C’est la complexité du monde qu’il a pénétré et révélé avec sa Pataphysique appliquée. Et qu’il n’a cessé de chercher.
« Je cherche, je cherche, je cherche, etc. », tels seront les derniers mots que Jarry prononcera sur son lit d’hôpital avant de mourir.
MerdRe, dit le Père Ubu. Jarry a compris votre millénaire bien avant vous !